mardi 12 février 2013

L’Histoire de la Réunion de 1700 à 1800

On estime à 750 habitants la population de l'Ile dont 320 Noirs. Un esclave de sexe masculin est vendu à 320 livres, une femme à 200, un négrillon à 150. La Compagnie des Indes se désintéresse de l'Ile. La petite colonie est abandonnée à elle-même, recevant rarement un navire de la Compagnie.

image001De 1713 à 1732, la population augmente de 1171 habitants à 8000 habitants dont 6000 noirs).

En 1715, des commerçants de Saint Malo (France) introduisent à Bourbon des plans de cafés d’Arabie, le café est une culture spéculative pour la compagnie, cela va contribuer à l’extension du système d’esclavage car les colons ont besoin d’une main d’œuvre bon marché.

En 1718 : Arrivée du gouverneur Beauvillier de Courchant qui est passé par Moka d'où il a rapporté des plants de café. Saint-Paul redevient la capitale. L'importance économique du café est telle que l'arrachage de caféiers est puni de mort ! La Compagnie exerce une forte pression sur les premiers colons de Bourbon… Ce commerce attire d’autres immigrants. La compagnie orientale abandonna la culture de café au profit de la culture de coton, tabac. Après la découverte du café indigène, on ajoutait toujours 4 onces de café par arpent de terre. Les terres ne valaient pas grand-chose à cette époque, ils échangeaient contre un cheval ou un fusil. Un exemple de contrat a été trouvé en 1709, une jument contre une étendue considérable de terrain. La culture de café exigeait des travailleurs que la colonie manquait. En 1717, il y avait 900 individus libres contre 1100 esclaves. Des nègres de Madagascar et de la côte d’Afrique. Ils abattirent les forêts qui recouvraient presque entièrement l’île, les remplacèrent par des cultures.

Qu’est ce qu’un esclave au 18ème siècle ?

Il était tenu de servir son maitre avec fidélité, respect et assiduité, sous peine du fouet ou de 6 mois de chaînes. Dans le cas où il avait mérité un châtiment public, le maitre devait le déféré à la justice qui le punissait sévèrement. Le maitre était tenu de dénoncer, sous peine de 2 écus d’amendes, ses esclaves qui se livraient soit au grand, soit au petit marronnage. L’édit de 1723 était le contrat protecteur du maitre mais aussi de l’esclave. L’esclave devenait chrétien avec son maitre, comme lui il avait ses jours de repos et de fêtes. Le maitre était tenu de le nourrir, le loger, le vêtir, de le soigner en cas de maladies. Il avait le droit de se plaindre aux autorités quand on enfreignait les obligations contractées envers lui. L’esclave ne jouit pas de droits civils, et ne pouvait témoigner ni pour, ni contre son maitre.

A qui appartenaient les terres ?

Les terres étaient aux premiers occupants. Aucun écrit ne constatait les engagements. La parole constituait le contrat, c’était une question d’honneur que de manquer à ses obligations verbales. La plupart de maisons n’avaient pas de serrures, les troupeaux n’avaient pas de gardiens. Cet état de choses subsista plus de 60 ans. Ils ne voyaient pas l’intérêt d’établir des prisons. En revanche le 23 Novembre 1718, ils construisirent 4 paroisses, qui servaient de prisons, on organisait également une milice, destinée à la garde du pays à une époque où les pirates commençaient à apparaitre sur les côtes. La milice devait aussi se défendre contre les agressions et les dépravations des marrons.

1723 : Par arrêté du 23 août 1723, la Compagnie obtient le monopole de la commercialisation du café en France, ce qui favorise l'essor du commerce de cette production. En France la mode du café se développe notamment dans les "salons" des grandes dames du royaume.

1729 : Fléau nouveau et destructeur s’abattit sur toutes les plantations, des nuées d’innombrables sauterelles, venue du dehors se répandirent sur toutes les habitations et y causèrent de grands ravages. De plus, à ce fléau se joignit une maladie épidémique qui frappa avec intensité les habitants de Saint Denis, Sainte Suzanne et Saint Paul. A Saint Paul on compte, 100 blancs morts, 80 mulâtres et 150 noirs. image002Desforges Boucher, nouveau gouverneur, installe un Conseil Supérieur à Bourbon (remplace le Conseil Provincial) . Le nouveau Code Noir est enregistré l'année suivante à Saint-Paul. L'histoire de l'esclavage commence officiellement à partir de cette date, mais le système existait déjà dans l'Ile.

10 Novembre 1734 : Arrivée de Bertrand François Mahé de Labourdonnais, nommé gouverneur général des Iles de France et de Bourbon. Commerçant, armateur pour son compte, il amasse une grande fortune personnelle en développant la traite des esclaves à Bourbon et en Ile de France. Il remplace le gouverneur Pierre Benoît Dumas qui quitte Bourbon pour Pondichéry. La colonie se développe (9537 habitants dont 7664 esclaves introduits surtout pendant la période Labourdonnais). Rentré en France en 1740, il revient dans l'océan Indien en 1741 et mène la guerre aux Indes. En 1746, il est remplacé par la Compagnie des Indes qui n'approuve sa politique militaire aux Indes.

Mahé de Labourdonnais, qui était-il et qu’à t-il accomplit pour l’île Bourbon ?

Mahé de labourdonnais Né le 11 février 1699, à Saint Malo. Les Malouins semblent nés pour la mer. Il n’avait que 10 ans lorsqu’il s’embarqua pour les mers du sud. Cet essai lui donna le goût des voyages. 4 ans après, il fit un second voyage aux Indes Orientales, et aux îles Philippines. Un savant jésuite qui était à bord du vaisseau qu’il montait, lui enseigna les mathématiques. Il apprit également la tactique et l’art des fortifications. Pendant les années 1716, 1717, 1718 il visita les mers du nord et   celles du Levant. Il entra au service la compagnie des Indes en 1819, et 4 ans après il retourna, en qualité de lieutenant, dans les mers orientales, qui devinrent le théâtre de bonnes actions qui l’ont immortalisé.

Il était à l’île Bourbon en 1723, lorsqu’il apprend que le vaisseau le Bourbon coulait bas d’eau et allait périr faute de secours. Il passa à l’pile de France sur une simple chaloupe, sauve ce navire, et le met en état de faire son retour en France. Ce n’était là que le prélude des services qu’il rendit à la compagnie des Indes. Revenu dans sa patrie, l’année suivante, il s’embarque de nouveau avec le grade de capitaine, et se rend à Pondichéry, où les vaisseaux de la Compagnie se disposaient à attaquer Mahé, place importante, défendue par les naturels du pays. Il était chargé de presque toutes les opérations de cette guerre, pour faciliter le débarquement, imagina une construction nouvelle, de radeaux qui réussit, et la descente se fit sans qu’on perdit un seul homme. Les Indiens effrayés des préparatifs qu’on faisait contre eux livrèrent Mahé de Labourdonnais.

Cette guerre terminée, il s’intéressa au commerce des Indes. Possesseur d’une belle fortune, il quitta l’Inde, revint à Saint Malo au milieu de l’année image0031733, et s’y maria. L’année suivante il se rendit à Paris, ses idées, fruit de l’expérience, trouva faveur au roi Louis XV, qui le nomma gouverneur général des îles de France et de Bourbon.

Ces colonies presque abandonnées, l’anarchie y régnait, il n’y avait ni magasins, ni fortifications, ni troupes, ni commerce, ni marine. L’agriculture était négligée, point de police nulle part. il fallut tout créer.

Labourdonnais réveilla l’activité et l’industrie parmi les habitants. Il leur fit cultiver le riz, le blé, il avait apporté du Brésil le manioc, qui forma la nourriture des esclaves. Il fit le premier des plantations de canne à sucre, il établit des fabriques de coton et d’indigo.

Il était architecte, il forma des ouvriers, fit couper et façonner le bois propre à la marine, fabriqua des pontons. Il construisit des gabares pour les fournitures d’eau et le transport de matériaux. Voici ses constructions :

 

  • En 1737, il construisit un brigantin

  • En 1738, 3 bâtiments dont 1 de 500 tonneaux

  • A Saint Denis, il construisit un pont suspendu, soutenu par 4 mâts de 60 pieds de longueur, qui avait 130 pieds de portée sur la mer, à l’extrémité duquel était placé un escalier qui s’élevait et s’abaissait à volonté, et où venaient aborder les chaloupes, que l’on chargeait et déchargeait  sans difficulté.


Il fonda l’hôtel du Gouvernement, le plus bel édifice de la colonie. Dans l’espace de 13 ans qu’il a gouverné ces îles, il établit des ponts, des aqueducs, des magasins, des arsenaux, des batteries, des fortifications, des moulins, des quais, des bureaux, des boutiques. Pourtant il fut calomnié pour ses œuvres, la compagnie ne lui pardonnait pas toutes ses œuvres de son génie et de son dévouement pour la colonie. Il fut contraint de passer en France pour se justifier du bien qu’il avait fait. Pour plus de renseignement sur Mahé de Labourdonnais se référer à la rubrique personnages historiques

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1751 : Le marronnage est combattu par les Blancs de Bourbon qui organise des détachements pour chasser les esclaves marrons.. En 1751, François Mussard qui possède la triste réputation de chasseur de marrons tue Maffatte et sa femme Raharianne. L'Ile compte prés de 2000 marrons qui s'organisent dans les montagnes. Ils se déplacent en bandes sous la direction de chefs (rois) et vivent dans les endroits les plus escarpés de l'Ile (CilaosMafate, Salazie)

 

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1764 : Par l'édit de Compiègne, la Compagnie des Indes en faillite, rétrocède au roi de France Louis XV les îles Mascareignes. Un édit royal place l'Ile Bourbon sous le contrôle du ministère de la marine. Une page d'histoire coloniale s'achève pour l'Ile Bourbon. Le dernier gouverneur de la compagnie quitte l'Ile en 1767 (François Jacques Bertin).

 

1766 : Une ordonnance divise Bourbon en cinq quartiers dont celui de Saint-Denis. Chaque quartier est dirigé par un commandant de quartier. Des routes

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sont construites pour désenclaver les hauts de l'Ile. Le régime de

l'esclavage reste en vigueur pendant cette période, malgré l'assouplissement des punitions infligées aux esclaves. On n'a plus droit de tirer à vue sur les marrons.

1771 : La production de café atteint plus de 2 000 000 de livres ! Pierre Poivre fait par ailleurs introduire le muscadier et le giroflier. Une ordonnance royale établit les conditions de travail des esclaves. Monsieur Jean-Daniel Dumas et Pierre Poivre furent nommé au gouvernement général et à l’intendance des 2 îles. Pierre Poivre était fidèle au gouvernement.

 

 

Qui était Pierre Poivre et qu’apporta t-il à la colonie ?

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Il est né le 13 août 1719, il se destinait à l’état religieux mais il appréciait aussi le combat sur mer alors il fut obligé de renoncer au ministère ecclésiastique. Il visita la Chine la Cochinchine, l’Inde et l’Amérique. Il revenait de l’extrême Orient, où il avait séjourné 2 ans, chargé de précieuses découvertes pour la science. Les hollandais étaient les seuls à vendre le girofle et la muscade.

Poivre conçu le dessein d’en enrichir les colonies françaises, malgré la sévérité des lois bataves, qui punissaient de mort ceux qui tentaient d’enlever ces précieux aromates, qu’ils avaient concentré dans les îles Moluques. Il fit part de son projet à la Compagnie des Indes, qui l’accueillit favorablement.  Il parvint à se procurer des plants de muscadiers de Banca et de giroflier d’Amboine, qu’il transporta à l’île de France et qui périrent dans les mains des habitants. Quand la Compagnie fut dissoute, Pierre Poivre prit l’administration des îles de France et de Bourbon.

Les terres de cette île qui s’étaient montrées favorable à la canne à sucre et d’autres végétaux, semblaient se refuser à ce genre nouveau de culture. P.Poivre confia cette mission à Detcheverry, capitaine de Brûlots qui apporta le 27 Juin 1770, à l’île de France 450 plants de muscadiers et 70 plants de girofliers, 10 000 muscades propre à la germination, et une caisse de baie de girofle dont plusieurs commençaient à sortir de terres.

Une ordonnance de juillet 1770, défendit de les transporter hors de cette colonie sous peine de prison, car cela était qualifié de crime de haute trahison. La Hollande punit de mort le vol de ces épiceries ! Le muscadier trouva également dans le sol de Bourbon une terre favorable à sa culture. Poivre importa aussi le martin ou Merle des Philippines, qui détruisit les sauterelles qui ravageaient tous les ans ces colonies.

Poivre rencontra des ennemis dans sa vie politique. Dégouté de voir l’indifférence et l’ingratitude, il quitta ces îles dans le mois d’octobre 1771, et revint en France avec sa femme et ses enfants. Ce savant philanthrope passa le reste de sa vie dans la retraite où il murut le 6 janvier 1786. Louis XVI qui appréciait ses services, l’honora de faveur particulière et lui fit une pension de 12 000 francs. Les habitants crurent que les martins volaient les graines des champs mais en réalité les martins cherchaient les œufs de sauterelles.

La destruction des martins fut bien plus funeste que le désordre qu’ils pouvaient causer. Les planteurs avaient finis par détruire ces utiles animaux. Les sauterelles se multiplièrent avec une effrayante rapidité et ravagèrent de nouveau les plantations. On fut forcé de ramené d’autres martins des îles Philippines que l’on mit sous la sauvegarde de la loi.

1777 : Par arrêté du 7 septembre , le gouverneur interdit les danses et tam-tam des esclaves après 23 heures. La population se méfie de la population des esclaves. Ces derniers sont étroitement surveillés par l'administration judiciaire. Toute tentative de complot est passible de la peine de mort. Plusieurs esclaves seront châtiés de la sorte au XVIIIème  siècle.

image0101779 : Révolte d'esclaves dans l'Est de l'Ile. L'Ile compte alors 30 209 esclaves dont 6464 "Blancs. Les meneurs seront exécutés. Bourbon est devenue sur le plan agricole le grenier des îles Mascareignes. (Le nom de jeune fille de ma grand-mère c’est Desruisseaux, c’est fou ce qu’on peut découvrir dans notre histoire, il faut que je pense à faire mon arbre généalogique, qui sait où ça mènera et qui on découvrira ?)

1788 : La population est estimée à 45 000 habitants. On dénombre 33377 esclaves et 8812 "Blancs", 1029 "Libres" qui sont des anciens esclaves affranchis par leurs maîtres. Jusqu'en 1789, l'Ile est administrée par des gouverneurs du roi.

 

 

 

image0111789-1815 : l’assemblée coloniale refuse d’abolir l’esclavage. Ces deux périodes sont troublées pour l'Ile qui subit les contrecoups des guerres de la Révolution et l'Empire. Les tensions naissent surtout quand l'Assemblée Coloniale créée par la Révolution refuse d'abolir l'esclavage proclamée par la Convention en 1794. L'Ile Bourbon était devenue en 1793 l'Ile de La Réunion. Quelques années plus tard, Napoléon Bonaparte transforme à nouveau le statut de l'Ile en la plaçant sous l'autorité d'un capitaine général résidant en Ile de France (Maurice). L'assemblée coloniale est supprimée et l'esclavage rétabli en 1802. L'Ile prend le nom d'Ile Bonaparte en 1806. Elle reprendra le nom de Bourbon en 1814.

21 Avril 1791 : les députés de l’Assemblée réclament le maintien de l’esclavage, Alors que la Révolution est commencée en France depuis 1789, les députés de l'Assemblée Coloniale de Bourbon adressent une pétition réclamant le maintien de l'esclavage. Les colons sont opposés à toute évolution du statut de l'esclave…Plusieurs sont prêts à prendre les armes pour défendre le statut de l'esclavage.image012


    4 février 1794 : Abolition de l'esclavage par décret de la Convention. Ce décret n'est pas appliqué dans les Mascareignes. Seule la traite est officiellement interdite par l'Assemblée Coloniale qui représente les Blancs de la Colonie.

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L'abolition de l'esclavage proclamée à la Convention


image014 Le 4 février 1794, pour la première fois dans l'histoire, fut proclamée par la Convention nationale, l'abolition de l'esclavage, près de 4 ans après l'adoption par l'Assemblée de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Mais l'abolition, appliquée dans toutes les colonies françaises, sauf à l'île Bourbon et aux Mascareignes, fut révoquée en 1802. Il fallut attendre le 27 avril 1848 pour que le gouvernement provisoire de la République abolît par décret l'esclavage. Désormais, selon l'article 7 du décret d'abolition immédiate de l'esclavage : « Le sol de France affranchit l'esclave qui le touche ». 7 février 1796 : L'Assemblée Coloniale déclare inadmissible dans la colonie le décret d'abolition de l'esclavage. En juin de la même année les deux émissaires de La République française, Baco et Burnel, qui débarquent à Maurice pour abolir l'esclavage échouent dans leur mission. L'esclavage est maintenu dans les faits à Bourbon et en Ile de France.

 

 

image015           1799 : A la fin du XVIIIè siècle, 10 % de propriétaires possèdent 90 % d'esclaves. Un esclave peut être payé en balles de café, soit 10 balles pour un esclave ! En novembre 1799, un complot d'esclaves est découvert à Sainte-Marie (le 7 novembre) Les cinq esclaves accusés du complot contre les "Blancs" sont exécutés à coups de canons !

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