vendredi 31 mai 2013

La violence à Bourbon au XVIIIème siècle

Pour plus d'information sur le sujet, consulter le livre Histoire d'une Renommée, Prosper Eve,

La violence des gens libres et de l’État

La violence n'est pas l'apanage des seuls esclaves. Si certains réfléchissent avant de malmener leurs esclaves ce n'est pas le cas de tout le monde. Les maitres violents sont les gros propriétaires c'est à dire avec plus de 50 esclaves. Les maitres qui ont un faible pouvoir d'investissement ont besoin de leurs esclaves, ils les exploitent sous une poigne de fer de peur qu'ils ne deviennent des marrons.

Antoine Bouchet qui est un observateur impitoyable cite dans son mémoire, 9 cas de maitres cruels sur 68, à savoir 11.7%, il ne dit pas ce que les maitres sont capable de faire aux esclaves, toutefois les expressions telle que "dernières cruautés pour ces noirs" est loin d'être rassurant. Les autres exemples sont plus explicites, ils les font travailler nuit et jour et les laisse mourir de faim.

Etienne Baillif et Gabrielle Bellon ont atteint le summum de l'horreur, les maltraitant à outrance et sans raisons, sans pitié. Ses esclaves viennent tout le temps se plaindre avec un bras ou une tête cassée (à coup de fusil). ils les menace de les tuer. Gabrielle Bellon quand à elle "est une femme d'une cruauté pire que celles des barbares à l'égard de ses noirs", elle fait mourir 2 ou 3 esclaves par les coups et la faim, voulant exiger d'eux plus que la force humaine ne peut le permettre. Voici les châtiments des garçons, ils leur mettent une plaque de fer sur la bouche qui pendent de l'une à l'autre oreille, à laquelle est attachée par le milieu un autre morceau de fer, de même longueur que la bouche qui leur entre jusqu'à la langue. Autre châtiment utilisé: l'esclave est attachée à un pilon et doit piler le riz, ils restent sans manger pendant 3 jours. Elle utilise un cadenas à secret. Certaines des femmes esclaves qu'elles soient mariées ou non étaient brulée, souvent elles en mourraient. Elle a même laissé manger un petit garçon de ses noirs aux cochons.

Miral informe le gouverneur Milus en 1819 qu'un nommé Bellerive Laravine habitant dans hauts de Saint Pierre a raffiné la cruauté en inventant un collier d'une forme barbare pour punir les esclaves, il a modifié le collier de Madame Bellon, la plaque de fer est plus petite devant, il a fait percé deux trous pour faire évacuer la salive.



Pour punir l'esclave les maitres utilisent le fouet mais aussi le bloc qui est placé dans l'infirmerie, donc les esclaves ne peuvent pas dire qu'ils sont malades car ils iront au bloc. Dans le bloc, il y a un madrier ou placer le jambes attaché par un cadenas avec un pilon entre les jambes pour piler.

La violence des gens libres ne s'exerce pas seulement sur les esclaves, à l'intérieur des foyers les hommes sont souvent intraitable envers les ennemis. Quand on étudie cette société, on remarque que la violence s'exerce contre les esclaves mais en réalité  contre tout ce qui bouge, les enfants, les animaux. A l'intérieur des foyers les hommes sont intraitables à l'égard de leurs épouses.

Le premier crime commis par les libres est le vol, ils sont condamné à être flétri et conduit aux galères du roi (la plaie cicatrisait mieux avec le curcuma mélangé à la graisse ou du miel), soit ils étaient bannis de l'île en versant une amende au roi, ou ils étaient attachés au carcan pendant une heure sur 3 jours consécutifs ou servir comme forçat au service du roi. La colonie n'ayant pas besoin de mauvais exemples, les soldats qui commettent des vols avec effraction sont expulsés de l'île.

Le deuxième crime commis par les libres concerne les sévices infligés aux esclaves, ils sont condamnés à payer les frais de médicaments et alimenter l'esclave jusqu'à sa guérison. Lorsqu'un différend entre habitants a lieu, un maitre peut décider de se venger, il peut récriminer un esclave de la propriété voisine et le battre impitoyablement.

Les accusés pour injures et calomnies, c'est le cas du prévôt chirurgien qui a proféré des propos inadmissibles contre un Conseiller supérieur. Il est emprisonné 2 ans, et doit verser 200 000 livres d'amendes au roi. De plus, il doit comparaitre devant la Chambre et reconnaitre que le conseiller est un homme d'honneur.

Les escrocs publics et les faussaires sont condamnés à être attaché au poteau du bazar, 2 heures pendant 3 jours, avec l'écriteau "escroc public et faussaire", le 3ème jour ils sont marqués au fer rouge avec l'inscription Gal, ils servent en qualité de forçat à perpétuité, ils sont bannis de la colonie.

Le viol existe mais il est rare, il est toujours commis sur des esclaves parce que ce n'est pas dénoncé. Au début du XVIIIème siècle, certains blancs n'acceptent pas les contraintes de cette société ils vont donc en marronnage. Nicolas Boyer, Pierre Boyer ont recelé les blancs marrons, ils sont condamnés à verser 50 écus destiné à la Compagnie.

Les Blancs ne peuvent vivre en concubinage et encore moins convolé avec des négresses (selon l'article 5 de 1723).

Les querelles de voisinage sont fréquentes, on en vient souvent aux mains parfois aux armes, quand les propos désobligeant ne suffisent plus. La justice s'en mêle et même les nobles cèdent à ces bas instincts. Force est de constater que la société bourbonnaise est très violente. Dans ce contexte les juges ne peuvent rendre leur verdict trop sévère ou trop humiliante car cela risquerait de fragiliser leurs positions mais en même temps ils ne peuvent se montrer trop laxiste sous peine de faire croire qu'ils tolèrent tous les actes. Souvent les crimes commis par les habitants restent inconnus à la justice. "D'autres traits comme de poignarder son cousin germain à coup d'épée dans son lit, ou tué une d'un coup de fusil une négresse sur le grand chemin, d'étrangler son frère", ne sont pas parvenus aux oreilles de la justice. On a fait que murmurer dans les habitations.

La violence chez les esclaves

Dans cette société, pour exprimer sa colère le marronnage est pour l'esclave une issue logique. Rexin esclave de Bérau préfère partir car son maitre lui a défendu de rendre visite à sa mère alors qu'elle était souffrante. Quant il apprend sa mort il est dévoré par le chagrin, et décide d'aller au marronnage. Les esclaves avaient des relations étroites avec leurs parents. Les esclaves justifiaient leurs actes pour 3 motifs: la méchanceté du maitre, l'insuffisance de nourriture, l'obligation de travailler en temps de maladie.

La vie dans les bois n'était pas de tout repos, lorsqu'ils sont en âge avancé ils ne peuvent plus pourvoir à leurs besoins. Sur 784 marrons de 1725-1765, 34% ont été tué dans les bois, et 56% ont été repris et parmi ces derniers 26 sont morts à l’hôpital ou au bloc . 50 ont été condamné à mort soit 11%, au total 44% sont mort à cause du marronnage.

La jurisprudence locale distingue le grand marronnage du petit marronnage. L'esclave est réputé "petit marron" pendant les 30 premiers jours de sa fuite. Si l 'esclave se déplace à proximité de l'habitation après un ou deux jours de fuite, à son retour il reçoit généralement des coups de fouets et le nombre de coups varient selon le nombre de jour de marronnage et le degré d'humanité. Parfois, il s'en remet au voisin pour obtenir la grâce du maitre.

Le grand marron dépend de la justice royale. Quand ils sont présentés au magistrat ils prêtent serment de dire la vérité après l'information et l'audition des témoins,  le procureur du roi prononce son inquisitoire et son verdict. Si le marron dépasse 30 jours pour la première fois, il est puni, flétri d'un fer chaud marqué d'une fleur de lys sur la joue en 1714,  puis uniquement les épaules droites ou gauche, ainsi que les oreilles coupées. L'esclave de Jacques Medat a été condamné à avoir le nez coupé. Le nombre de coups varie entre 30 et 400. La peine maximale a été infligée en 1711.

Les jeunes de devaient pas recevoir plus de 100 coups. L'esclave qui dépasse 30 jours pour la deuxième fois est flétri à l'autre épaule et on lui coup 5 doigts de pieds ou le jarret. Ces blessures entrainaient souvent le tétanos.

A partie de janvier 1715, cette peine a été remplacée par des fers aux deux pieds avec une chaine. En 1775, les marrons qui ont le jarret coupé sont conduits à l'hôpital jusqu'à  la complète guérison .

Le marron est condamné à servir à perpétuité sur les travaux de la majesté comme galérien avec une chaine au cou dont le poids varie entre 25 et 20 livres, il est marqué des lettres GAL, sur la joue ou sur chaque bras.

S'il s'agit d'un petit vol de vivres, le marron ne voit pas sa peine aggravée mais le vol est grave s'il est commis avec effraction, il est condamné à être pendu et étranglé. Si le marron a assassiné le maitre il ne peut échapper à la peine capitale, si en plus il a assassiné une négresse il est condamné à être sous une roue, à avoir les reins, et les cuisses rompues jusqu'à expiration. Son cadavre est porté sur le grand chemin et exposé pendant 24 heures. S'il incendie une habitation durant ses vols après avoir eu les bras, les jambes, les cuisses rompu vif son corps est jeté au feu.

Après le vol viennent les complots de toutes sortes, les révoltes, les désertions...Dans ces procès c'est l'usage de la sorcellerie qui apparait. En aucun cas ce motif va être utilisé comme accusation. C'est la violence des mots qui fait passer l'esclave pour un dangereux, Louis dit " qu'il couperait sa femme en 4 morceaux et boirait son sang". Dans cette société l'assassinat arrive presque a même égalité que les complots.

En 1745, le meurtrier aura les jambes et rein rompus vifs puis son corps est exposé sur la roue jusqu'à ce qu'il expire, il est exposé sur le grand chemin, ensuite jeté à la voirie.

A partir de 1775, on revient à la pendaison, les galères et la peine à perpétuité. Si un blanc a été tué le châtiment est exemplaire. Le meurtrier doit faire amende honorable devant l’église, la corde au coup tenant dans la main une torche ardente en disant qu'il a tué méchamment et qu'il s'en repend. Sa main est coupée, il est conduit à la place d'exécution pour avoir les bras, les reins et les jambes rompus vifs, sa tête est tranchée placée au bout d'un piquet.

Le blasphème au nom de Dieu et de la vierge est également réprimandé, l'utilisation de sortilège ou de maléfices peut conduire à la pendaison. Les juges refusent l'accusation de magie ou de sorcellerie.

Le viol est châtié de la peine de mort ou de la peine du fouet.

Un exemple de cas extrême:

Certains maitres considéraient leurs esclaves comme leur chose et se sont montrés d'une extrême violence. Avec Adeline dont le sadisme de François Pasquet l'a conduit à lui brûler le sexe. Cette jeune esclave âgée d'environ 15 ans est allée en marronnage lorsqu’elle a été reprise par son maitre qui était un petit propriétaire, il lui a fait subir un supplice atroce le 2 décembre 1714. Il l'a attaché sur une échelle placée parallèle au sol et il lui a fouetté les fesses, puis il a allumé un feu juste au dessous de son bas ventre, la plaie était en putréfaction, heureusement que Susan une autre esclave de la même habitation a eu pitié d'elle, Adeline est portée au poste de police le 9 Décembre, les deux femmes ont pris 2 jours pour quitter Bois de Nèfles à Sainte Clotilde.

 

 Je remercie M. Prosper Eve pour ce cours captivant .

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